vendredi 2 mars 2007

après la manif ...






Je suis de retour en Grèce, après avoir séjourné plus de trois semaines en France...

Quand l'avion a atterri à Athènes, je me suis dit: " enfin le soleil !" ( Quatre semaines en France étant égal à 4 heures de soleil ! )... Fillette, Fillette, ce que tu te gourres, comme dit la chanson ! ..)

Malheureusement, ici aussi, le soleil s'était envolé, probablement avec le vent des Karpates, les terrasses étaient désertes et Dimanche, les gens se calfeutraient derrière des rideaux de velours, épais comme le pouce, volets fermés, à se protéger du froid (10°) de derrière les persiennes...

La ville avait pris des couleurs et des respirations "Florentines", on conspirait entre voisins, autour d'un café grec, sur le prix de la vie et le coût du pétrole, vêtus de pulls-overs pseudos-Irlandais tricotés à Hong-Kong ... Un Dimanche, pas ordinaire...

Et, puis, comme dans un film de Lelouch, le soleil est réapparu et nous sommes allés goûter un début de printemps autour des collines de l'Acropole, parsemées de boutons d'or et de quelques fragiles coquelicots ...
Le soir, des jeunes gens, insolents et insouciants occupaient les places des cafés autour des parcs... (De quoi foutre le bourdon à beaucoup de cinquantenaires Français au bord de la rupture anévrique à la lecture de la cote boursière des Marchés Chinois )
Des jeunes gens et des jeunes filles, donc, occupaient des tables à l'ombre des pins, sans se préoccuper le moins du monde de leurs aînés, qui avaient cependant été obligés de parcourir la ville à pieds, toute la "Sainte journée"... (et je pèse mes mots, les Grecs Orthodoxes étant actuellement en période de Carême, et ce, jusqu'à Pâques )
Et pourquoi avons-nous été à pieds, sans plus trouver de taxis et d'autobus urbains ?: " Parce que le Centre- ville était bloqué pour cause de manifestations estudiantines ... "
Ah! Intrépide jeunesse, sans pitié pour nos pieds sensibles ! ...
Malgré cela, nous sommes allés, avec nos petits moyens pédestres, pas à pas, voir ce qui se passait du côté de l'Université des Sciences, tout en traversant,(héroïquement! la tête haute, et le talon douloureux mais volontaire,) la manifestation, faisant fi du "Comité d'accueil" composé de soldats, et policiers, casqués et bottés, comme il se doit ...
D'un seul coup, nous avons retrouvé nos jambes de 20 ans et notre mémoire s'est permis d'effacer, en quelques secondes, un certain nombre d'années ... Pour un peu on aurait scandé : CRS SS ! (Ce qui, de toutes façons, ici, n'aurait eu aucun sens, même en Grec Ancien ...)
Nous sommes donc allés sur le campus de "l'Université occupée" (depuis la rentrée d'octobre, quand même ! ) pour empêcher une privatisation du système éducatif, et la suppression du droit d'asile ...
Le "Droit d'Asile" est un droit venant au départ de l'Antiquité, mais qui a été remis en place grâce à la lutte des Etudiants de Polytechnique contre le régime des Colonels ... Lutte ayant été sévèrement réprimée ... C'est dire toute l'importance de ce droit permettant à quiconque hor la loi ou pas d'être hébergé par une Université sans qu'aucune force de police ou d'armée ne puisse le déloger ...
Alors, je me suis mise à rêver : "Et si les tentes du canal St Martin élisaient domicile dans les "facs Parisiennes", sans que quiconque ne puisse les expulser ? Et si les "sans-papiers " pouvaient faire de même ?
J'ai lu, longuement, les slogans étalés en rouge, au milieu de la cour ensoleillée : " La loi est une erreur " ...
Voilà ce qui m'est apparu, en lettres de sang, sur un drap blanc tendu, de fenêtre en fenêtre ...
Et aussi,plus loin, une farandole d'affiches indiquaient :
" le 17 Mars, le Comité des étudiants de la faculté de Sciences Humaines d'Athènes appelle à une manifestation contre la politique Américaine en Irak ... Ne baissons pas les bras !"
Alors, ces jeunes Grecs, qui sirotent un verre, le soir, sous les pins des collines de l'Acropole, avec l'air de rien... Ne sont-ils pas les nouveaux philosophes d'une Europe morte-née ?
Aujourd'hui, à midi, il y avait une autre manif, au pied du Palais de la Constitution, juste des femmes, parfois en moto, telles de magnifiques Amazones des temps modernes .
C'était des travailleuses sociales qui défilaient contre des licenciements annoncés . Certaines brandissaient un Drapeau noir....
Non loin de là il y avait des hommes bien mis, cravatés et costumés, appareillés à leurs téléphones portables , qui sortaient d'un pas pressé des boutiques "Van Cleef" et "Cartier" ...
Et si les travailleurs sociaux cessaient de défiler entre "République-Nation" ... pour parcourir "Concorde - la Madeleine" à l'heure du déjeuner ....?
Et si : "Sous les pavés: la Plage !"

1 commentaire:

martine a dit…

De temps en temps ça fait plaisir de faire partie de l’Europe ! J’aime bien quand ça bouge, et nous en France, heureusement nous avons les «intermittents du spectacle». Ce soir grand rassemblement et défilé du Cirque d’Hiver à l’Olympia (tiens donc !), soit du métro «Filles du Calvaire» au métro «Madeleine», ça fait rêver non ?