vendredi 29 décembre 2006

Chez Monsieur Stavropoulos ...(suite)


Ce matin, rapide tour du pâté de maisons histoire de flâner et de préparer le déjeuner ... Je retourne chez Monsieur Stavropoulos (l'épicier) ....
Aujourd'hui, il a revêtu une impeccable blouse blanche, dont, il a retroussé les manches ... Tiens! Il s'est rasé la moustache! (ou bien, lui avais-je inventé une moustache ? ) ...
Il porte une grosse paire de lunettes d'écaille qui lui font un air sévère, mais en regardant bien, je m'aperçois qu'elles n'ont qu'une branche, et cette "infirmité opticale" lui donne, pour finir, l'apparence d'un pharmacien distrait ...
Aujourd'hui, outre les denrées habituelles, sont proposés à la clientèle, bien en évidence sur le comptoir : des oeufs frais, des poivrons marinés et du vin de pays.
Peu de monde dans la boutique, juste un "Papou"(Grand-Père) devant moi qui vante les mérites du nectar en promotion ...
J'en déduit que la "piquette " de Monsieur Stravropoulos doit être additionnée d'eau de jouvence, vu l'âge avancé de ce brave "Papou" qui n'a pas dû boire d'eau minérale depuis l'expédition militaire de 1922 contre Ataturk ...
Monsieur Stravopoulos, me reconnaissant, me salue joyeusement et me demande à la cantonnade :
- " Et pour toi, une "petite féta" ?
Presque à voix basse, dans un souffle, je réponds :
-" Non, merci, pour aujourd'hui ce sera juste un peu de yahourt ..."
Monsieur Stravropoulos m'a servi en silence, et j'ai cru comprendre dans son regard, à travers ses lunettes bancales, que je l'avais déçu.
Quand je suis sortie, il m'a quand même saluée en me souhaitant :
" Kali Kronia" (Bonne Année) ...
Ouf! l'honneur est sauf .

jeudi 28 décembre 2006

Scène chez l'Epicier


C'est toujours un plaisir d'aller chez Monsieur Stavropoulos, un monsieur aux cheveux gris et à moustaches, qui tient une épicerie... Pas une supérette ! Non ! Une véritable épicerie, avec les bocaux d'olives, les bidons d'huile, les sacs de légumes secs et de riz, les poissons séchés,les fromages ... J'aime en sentir les odeurs d'épices mêlées et de saumure qui me donnent faim, dès midi.
Devant moi, se tient une dame, d'allure assez bourgeoise, qui discute âprement le prix d'un hareng saur ...
Je patiente donc, et Monsieur Stavropoulos, visiblement agacé par cette indécise, me demande ce que je veux ...
- "Je voudrais de la féta à pâte molle "
( J'utilise ce fromage frais, dont le meilleur se trouve chez Monsieur Stavropoulos:- 8 Rue du 25 Mars - Nauplie - pour rouler de petites boules dans de l'origan, du poivre et, le plus sublime, des raisins secs ... Un vrai délice fromager !)
- "Oui, bien sûr " ...
La cliente, tout à coup, troublée dans ses méditations sur le prix du poisson séché, relève la tête et s'adresse, d'un ton peu aimable à Monsieur Stavropoulos :
- "Tu as de la féta à pâte molle et tu ne m'en proposes pas ? "
- "Non ! Je ne t'en propose pas parce que tu n'aimes pas ça ...
(Visiblement, je ne savais pas, moi, nouvelle habitante du quartier, que je goûtais à une denrée fort rare, dont étaient privés des habitués de l'établissement et qui donnait peut-être lieu à un quelconque marché noir .. )
En soupirant, Monsieur Stavropoulos, étale sur un papier, un morceau de sa délicieuse "spécialité", dans le but de faire goûter la dame qui me dévisage d'un air hautain ...
Elle goûte, du bout des lèvres, et s'écrie :
- " Pouah ! Mais ce n'est pas de la feta, c'est du yahourt !"
La tête de Monsieur Stavropoulos, honnête négociant à la tête de la MAISON STAVROPOULOS - établissement dont la réputation n'est plus à faire depuis au moins trois générations, devient, d'un coup, de la couleur de ses olives ... Ses yeux trahissent un profond désarroi, comme celui d'un homme frappé de bannissement et dans un dernier sursaut de courage il répond :
- "Non! Ce n'est pas du yahourt, mais une feta qui a 1 ou 2 mois ... "
Anéantie, devant tant de résistance, la dame paye, sans plus discuter le prix de la marchandise, mais non sans jeter sur l'épicier qui entreprend de me servir, un regard chargé de mépris ...
Elle sort de la boutique, son paquet sous le bras, telle une princesse résolue à l'exil, sans saluer quiconque ...
Un silence pesant s'installe, que je romps , d'une voix timide :
- "Et puis, je voudrais aussi du yahourt ...."
Monsieur Stavropoulos, consciencieusement, en a rempli un pot, visiblement soulagé de savoir que même une étrangère pouvait faire la différence entre la féta et le yahourt ...
J'ai payé, puis nous nous sommes salués chaleureusement ....

mercredi 27 décembre 2006

Deuxième jour de Noël


Ce matin du deuxième jour de Noël, pas de sons de cloches, les ouvriers sont sur les chantiers, les voisins sont au travail, le facteur n 'est pas passé, mais c'est tout simplement parce que je n'ai pas de courrier.
C'est jour de marché, comme chaque Mercredi .
Par contre, seul le "2e service" du ramassage des ordures ménagères a été fait et le container du bas de l'immeuble menace d'exploser.
(Ce que j'appelle le "2e service" c'est le passage d'un bulldozer qui ramasse les déchets n'entrant pas dans les containers adéquats, le "1er service" correspondant au passage d'un camion benne ordinaire) ...
Pour montrer leur impatience, certains habitants du quartier ont accroché leurs sacs poubelles à leur porte ou à leur fenêtre, par paquets colorés, parfois assortis à la couleur des huisseries de leur maison ...
La semaine dernière, des petits chaussons s'étalaient soigneusement devant la cheminée, pour permettre à "Vassili" (Le Père Noël) d'y déposer des cadeaux, aujourd'hui, en ce deuxième jour de Noël (non férié comme le 1er), sont offertes au vent d'hiver de bien curieuses baudruches en plastique "bleu Caraïbe" ou "turquoise" renfermant les déchets du réveillon.
Au deuxième jour de Noël, vers midi, "Saint Eboueur " (en grec: aghios skoupidiaris), a exaucé nos voeux, le "1er service" est passé, ramassant ces guirlandes improvisées et la rue est redevenue propre ....

mardi 26 décembre 2006

Un jour sans pain


Ce matin, réveil au son du glas ... Qui enterre-t-on ? Serait-ce déjà la mort prématurée de l'enfant Jésus ?...
Le ciel est gris, il fait froid (9° - température considérée ici comme polaire) ....
Autre constatation : le facteur n'est pas passé, les éboueurs non plus et le container, en bas de l'immeuble déborde de détritus ...
Après deux jours passés à bambocher, petit inventaire des provisions, car j'ai une famille à nourrir ....( Foyer réduit à deux personnes : moi et mon mari, mais un mari à nourrir, c'est tout une organisation, celles qui en ont un à la maison me comprendront )...
Dans le frigo quelques restes, dans le placard,même chose, et dans la corbeille à pain : un morceau de couronne sèche, datant de l'avant Noël ...
Nous décidons donc de descendre en ville pour nous ravitailler , lui, les mains dans les poches, moi, mon petit panier au bras ...
Curieux ! Les rues sont bien désertes pour un mardi matin et beaucoup de boutiques semblent closes ...
Comble de surprise! le Supermarché est fermé !...
Nous passons à la boulangerie : portes closes, pas un pain sur les étagères ....!
Seuls, les "périptéros" sont ouverts ( kiosques vendant des cigarettes, briquets et boissons fraîches ...)
Je vais aux renseignements :
"- Pourquoi les magasins sont-ils fermés ?
- Parce que c'est le premier jour d'après-Noël ..."
Silence consterné de ma part, je tente cependant cette ultime interrogation...
- "Pourquoi ?
- Parce que les commerçants ont ouvert hier, alors aujourd'hui c'est fermé ..."
Je quitte le kiosque, médusée par ces réponses laconiques ...
Nous rentrons piteusement, bras ballants et panier vide, et nous nous apercevons que les voitures des voisins sont garées en bas de leur maison, ce qui veut dire qu'ils sont en congé, donc, en ce mardi d'hiver venteux, ne travaillent que les "périptéros" à la vente de leurs cigarettes et les papas (popes) à leurs oraisons funèbres. Les autres se contentent des restes de la veille...
Nous en concluons que le lendemain de Noël est jour de fête ... Jour sans pain ....

lundi 25 décembre 2006

JOUR DE NOEL


6 H 30, ce matin de Noël : les cloches de l'église du quartier se sont mises à sonner à toute volée, nous rappelant, à moi et à tous les résidents , que Noël est avant tout une fête Chrétienne ...
Ce que nous avions sans doute oublié depuis hier, devant nos sapins, nos pantoufles et nos illuminations ...
A demi-endormie, sous mes couvertures, je me suis mise à comparer le courage des fonctionnaires Grecs, par rapport à celui des fonctionnnaires Français ...
Certes , mon sommeil avait été interrompu par un concert métallique, organisé par un "papas"(pope - prêtre orthodoxe) qui actionnait avec énergie tous ses carillons, me vrillant le cerveau depuis la base du crâne, mais c'était dans le but de tenter de donner un sens à la Nativité, autre que celui donné par les boucheries, pâtisseries, marchands de vins et autres bazars ...
Il y avait donc en ce "papas", un héroïsme civique qui me laissait perplexe et en éveil, avec les tympans endoloris , au fond de mon lit ...
Il y avait donc un "papas-fonctionnaire", (puisqu'en Grèce il n'y a pas de séparation entre l'Eglise et l'Etat), capable de se lever aux aurores, un jour férié, pour tenter de donner à des païens un sens moral , sans, j'en suis certaine, se faire payer double salaire, en vertu d'archaïques conventions collectives ou autres accords syndicaux ....
Quel petit ou haut fonctionnaire de l'Etat, en France, serait-il capable de se lever aux aurores, un jour de Noël pour réveiller le sens moral de ces concitoyens , même avec double salaire, primes et autres avantages ? ... Je n'ai pas trouvé de réponse, donc je me suis rendormie ...
Et à 9h,enfin debout, depuis mon balcon, ma tasse de café à la main , en pyjama, j'ai vu des groupes joyeux et endimanchés, revenir du haut de la colline où se situe l'Eglise du coin, en se partageant le pain de messe ...
Car, les Orthodoxes ne pratiquent pas le rite cannibale de l'Eucharistie,mais, simplement, à la fin de l'office, il y a, à la porte de l'église, des corbeilles remplies de morceaux de pain, de vrai pain, pétri par un boulanger, de vrai pain frais, qui n'a rien à voir avec la pâte d'hostie insipide ... Il y a donc juste le pain, à disposition de tous, même de l'étranger de passage ...
De ce matin de Noël, j'ai donc tiré deux leçons :
- D'une part les Grecs ne sont pas un peuple rancunier, car c'est avec bonne humeur qu'ils ont été réveillés au petit matin, tirés du lit par un invraisemblable tintamarre, au lendemain d'un souper avec de la dinde aux marrons, des "kourambiedes" (biscuits traditionnels de Noël aux amandes fraîches, recouverts de sucre glace et aromatisés à l'eau de fleur d'oranger).
- D'autre part tous les fonctionnaires en Europe ne sont pas des fainéants ....
Vers 10 h, je suis allée dans le centre ville et là, les carillons de l'Eglise "Panaghitsa" (La Petite Vierge) entonnaient allègrement l'air de :
"Vive le ve le vent ... Vive le vent d'hiver" ....
Ce qui n'est pas, à proprement parler et d'après mes connaissances, un cantique religieux ...
Je me suis alors dit que le "fonctionnaire" du coin avait bien du mal à faire venir ses ouailles pour en arriver là ...
Mais l'essentiel, en cette décennie perturbée , est bien de s'adapter ...
(Troisième leçon ... )
Vive Noël !

dimanche 24 décembre 2006

L'ATTENTE DU PERE NOEL


En Grèce, le Père Noël s'appelle Vassili ( du mot roi : Vassilias ) ...
Ce matin, les enfants réunis autour de la place de la Mairie jouaient autour d'un immense sapin (en papier - made in China) coiffés de bonnets rouge garnis de peluche blanche ... Tous les commerces étaient ouverts, pour que les retardataires puissent faire leurs emplettes.
La fanfare municipale a traversé la ville remplissant de musique les rues calmes, comme pour un dimanche ordinaire ... Près du port, une crèche géante est dressée : les sujets sont grossièrement coulés dans des résines de couleurs ... Le petit Jésus a déjà l'air à l'agonie, et la Sainte Vierge ressemble à une mégère , quand aux mages, ils semblent revenir d'un manège de la Foire du Trône ... Mais, le mauvais goût est souvent touchant ... Comme le goût des barbes à papas des fêtes foraines
Les cloches de l'église du quartier ont sonné plusieurs fois dans la journée , pour nous rappeler qu'aujourd'hui il allait se passer quelque chose ....
Des taxis sont arrivés au bas des maisons voisines, le coffre chargés de valises et de paquets, débarquant leurs passagers venus d'on ne sait où, passer le réveillon en famille ...
Puis, comme chaque jour, la nuit est tombée vers 17 H 30 et chacun a éclairé son jardin, son balcon, ses fenêtres, d'une pluie d'étoiles synthétiques en couleur, de Pères Noël, de bonhommes de neige, de sapins, de toutes sortes d'articles de bazar fluorescents.
Chaque famille, porteuse de ses traditions ancestrales d'hospitalité, a mis sa maison en fête pour recevoir "Vassili" et lui faire l'accueil royal qu'il mérite ..... "Kala kristouyena ! " (Joyeux Noël)

samedi 23 décembre 2006

l'Avent à Nauplie


Ce matin, jour de marché d'avant Noël, il y avait un monde fou autour des étals et les commerçants en profitaient pour organiser la valse des étiquettes... Ce matin donc: inflation sur les citrons, les clémentines, les mandarines, les pamplemousses, les amandes et les noix ... Au moins 10 % depuis le dernier marché de mercredi ..

Heureusement, il y a toujours, en cherchant bien, une "yaya" (grand-mère) qui attend sagement derrière son petit étal offrant ses fruits au même prix que d'habitude, et vous souhaitant, en prime : "joyeux Noël, Joyeuses Fêtes, Bonne Année " .

Ici, on se fête toujours quelque chose : "Bon été", "bon hiver", "bon mois", "bienvenue "... Ce sont les premiers mots de grec qu'il convient d'apprendre pour se garantir une vie sociale ...

Donc, ma brave "yaya" du jour, m'a bien sûr accueillie en me faisant goûter les fruits de sa modeste production : des mandarines, juteuses, goûteuses à souhait, parfumées , des mandarines comme celles que l'on mangeait au moment de Noël en France, il y a fort longtemps, puisqu'il paraîtraît que ce fruit à disparu de nos marchés,les consommateurs délicats préférant les clémentines, sans pépins et aussi sans saveur .... Dommage ! Car rien ne vaut cette odeur de fruit d'hiver qui semble venir de Chine ...

Après le marché, je suis passée à la boucherie, débordant de victuailles à 9 h du matin, quasiment vide à midi ...

J'ai pu constater que le boucher avait visiblement suivi les consignes de sa confrérie, diffusées depuis une semaine sur "Net" - la chaîne principale de télévision ...

Chaque jour, les spectateurs ont pu avoir les cours des halles d'Athènes, en ce qui concerne la viande et les prix de vente indiquées par le Président du syndicat des bouchers ...

Ainsi donc la "Galopoula" (dinde) est à 9 Euro le kilo ... Etde plus, il est recommandé de consommer de la "Galopoula" Grecque ...

Mon boucher, en bon citoyen, affichait donc avec fierté : "Galopoula d'Argos " (c'est la ville d'a côté) ...

Donc dans mon quartier, la dinde sera au prix indiqué et elle ne viendra ni de Pologne, ni de Bulgarie, ni de France ...

Il ne nous reste plus qu'à affûter nos couteaux pour déguster de la dinde du Péloponnèse ...