mardi 27 mars 2007

retour au village


A chaque période de fête, les Grecs repartent vers leur village natal ... A défaut de ne pouvoir en faire autant (mon village natal étant la Garenne Colombes), je retourne dans mon village d'adoption : "Paleokastro"... pour les fêtes de Pâques ...
C'est un lieu charmant, peuplé d'une trentaine d'âmes en hiver et d'environ cent personnes l'été ...
Pour celles et ceux qui seraient en mal de conversation, il y a aussi des chèvres, des moutons et deux ou trois ânes ...
Ce village à 800 m d'altitude est entouré de chênes et de châtaigniers et de très hautes montagnes dont les cîmes sont souvent enneigées ....
Il y a deux cafés-épiceries où l'accueil est chaleureux, une église tenue par un vieux "Papas" qui cultive ses propres vignes, quelques maisons en pierre , et d'autres plus modestes peintes à la chaux .... Le facteur ne vient qu'une fois par semaine, un vieil autocar assure une liaison quotidienne avec les villages alentours et comme on arrête pas le progrès, on arrive à capter 2 chaînes de télévision sur 18 ...
C'est un petit endroit du bout du monde où l'on boit de l'eau de source et de la piquette de pays, on l'on mange du mouton élevé en plein air, les légumes du potager et les fruits du verger, on l'on partage avec des gens simples, des soirées ponctuées de musique et de danse ... Comme ça, juste parce que les habitants ont décidé de vous adopter !

dimanche 25 mars 2007

Fête nationale du 25 Mars




Hier, Dimanche 25 Mars, était jour de Fête Nationale ou Jour de l'Indépendance... Nous avons eu droit à un défilé de tous les enfants des écoles, habillés en costumes régionaux représentant chaque Province de Grèce, suivi des collégiens et lycéens en uniformes, puis de la police (3 voitures, avec 2 policiers dans chaque, Nafplio n'ayant rien à voir avec Chicago), puis les pompiers (4 camions), puis les secouristes et enfin l'armée, le tout au son de la fanfare municipale ...
Le clou du spectacle étant les institutrices et professeurs défilant auprès de leurs élèves et ayant confondu : parade nationale et défilé de mode ...
Ainsi donc, il y avait des femmes, au son du tambour, en pantalons moulants, tee-shirts fluorescents, arborant avec fierté des décolletés généreux , des lunettes noires de couturiers, des talons aiguilles vertigineux ...
Et là, nous avons pu mesurer ce que représentait le sentiment "d'identité Nationale" en Grèce : pouvoir traverser, heroïquement, sans grimacer de douleur, toute une ville, en escarpins, au rythme des fanfares ... !

















samedi 24 mars 2007

Foire St Evangelista


Ce matin, des étalages de fortune se sont alignés depuis le parc du centre ville jusqu'en haut de l'Eglise Evangelista...
Ces petits stands, tenus par des Gitans, des Chinois, des Africains, des Russes, des Albanais et bien sûr, des Grecs, proposaient aux promeneurs toutes sortes de rêves : des vêtements , des tissus, du linge, des poissons rouges, des livres, des chapelets et des images pieuses, des batteries de casseroles, des outils, des plantes vertes, des meubles de jardin, des jouets, des peluches, des tapis, des bijoux de pacotille, des parfums et des cristaux ...
Et puis, de 14 h à 22 h, les cloches de l'Eglise Evangelista se sont mises à sonner à toutes volées, rappelant au chaland assourdi les bienfaits du salut de son âme ...
Alors, des cortèges sans fin ont remonté la colline ...
De là, on pouvait contempler la mer vert-émeraude bordée de montagnes aux cîmes enneigées, sous un morceau de ciel bleu imprimé de nuages cotonneux ...
Sur le parvis de l'Eglise,d'autres marchands du temple attendaient , offrant des forêts entières de cierges atteignant parfois des hauteurs gigantesques ...
Et le badaud pouvait ainsi monnayer le prix de sa conscience, en se munissant d'un bâton de cire à la hauteur de ses exigences, passeport indispensable avant l'entrée dans le lieu sacré, donnant accès à des icônes ouvertes aux pèlerins, pour la circonstance ...
Ainsi font, font, font !... Trois petits tours et puis s'en vont!...
Une génuflexion, un signe de croix et la porte s'ouvrait de nouveau vers le bruit de la ville et l'odeur des beignets au sucre ..
Pourtant le chemin du retour était parsemé d'embûches : de pauvres mains se tendaient vers une improbable aumône, de pauvres mains de mendiants, tordues par les misères de la vie, de pauvres bras sans mains, de pauvres membres sans vie ...
Et au bout de ce chemin de croix, d'où seuls les "bien-portants" sortaient indemnes : le marchand de nougats !...
Et puis, plus loin, en promotion : des crucifix fabriqués avec deux morceaux de cannelle mis en croix et bordés de roses en satin ...
Pas mal pour décorer la cuisine, surtout à côté des têtes d'ail ! ...
Deux précautions valent mieux qu'une !

jeudi 22 mars 2007

En attendant les cloches ...

Pour les Orthodoxes, Pâques est sans doute la plus grande fête. Cette année, ce sera le 8 Avril et les préparatifs commencent ...
Les boucheries sont désertées, pour cause de Carême et les bouchers, pour échapper à leur solitude, commencent à découper les moutons et les chèvres qui rempliront les tables à l'issue de la Semaine Sainte.
Les tavernes, cependant, continuent d'afficher, sans vergogne, leur plat du jour :" - lapin en sauce, ou agneau au citron."
Ainsi donc l'honneur Grec est sauf : on fait Carême à la maison et on mange de la viande dans les tavernes ...
A l'approche des fêtes, les vitrines des magasins se remplissent de lapins en peluche et surtout de cierges de toutes sortes, que l'on offrira aux enfants sages qui auront le droit d' aller à la procession ... Donc, pas de cocottes ni d'oeufs en chocolat pour les petits enfants Grecs ... Au moins, ça leur évitera une bonne crise de foie ! ... Ils auront des cierges, mais pas de vulgaires cierges de cire blanche ou brune, non ! Il faut ce qu'il faut ! Ils auront de beaux cierges en couleur: bleu, rose, jaune, rouge, orange, vert ...
Ils pourront en choisir un, à leur goût : enrubanné de tulle ou de mousseline, ou bien décoré de fleurs et de perles, ou d'un petit ours en peluche ou bien d'une poupée Barbie, ou bien encore, un, de couleur cerise, en forme de sucette, ou tiens! celui-là! avec un clown ! ...
Et puis c'est facile d'en trouver ! Il y en a dans tous les magasins spécialisés, mais aussi dans les bazars et les bonnes librairies ! , même si leur prix fait l'objet d'une inflation galopante... Quand on aime, on ne compte pas !
J'en ai déduit qu'à Pâcques, il n'y a pas que des cloches !

mardi 20 mars 2007

la colère de Dieux ...

C'est du Chaos que naquirent les premiers Dieux de l'Olympe : Gaïa, la déesse de la Terre qui enfanta un fils, Ouranos, le Ciel, qu'elle eut la mauvaise idée d'épouser ...
Et depuis l'Antiquité, il arrive que les Grecs aient encore à supporter les effets de ce tumulteux mariage ...
Alors, soudain, la mer devient grise, de gros nuages noirs roulent à l'horizon, poussés par des vents de plus en plus forts ...
Gaïa et Ouranos se jouent des hommes, en faisant tomber leurs petits pots de fleurs, un à un, le long des balcons et en projetant dans les airs leur linge propre qui séchait tranquillement...
Et les volets se cognent, et les portes claquent, et les chaises des terrasses s'écroulent ... La soirée qui s'annonçait pourtant si calme se remplit de bruit de ferrailles, happée par le souffle colérique d'une scène de ménage démesurée.
Mais pourquoi subissons-nous , ce soir, le courroux de ces incestueux époux ?
Les Grecs auraient-ils envahi la Hongrie, auraient-ils déclaré la guerre à la Turquie ?
Pourtant le journal télévisé ne révèle rien de tout cela ... Dans les nouvelles du jour, ne sont énoncées que quelques peccadilles, dont voici l'exemple :
Quelques hommes de pouvoir, (des Dieux d'aujourd'hui), sans doute dans un moment d'égarement, ont eu la merveilleuse idée de "jouer" l'argent des Assurances Sociales en Bourse ! Et, bien sûr, ils ont perdu ! ....
Alors, ce soir, devant tant de bêtise , les Dieux de l'Olympe ont décidé de se fâcher en envoyant sur les Hommes, un vent venu de l'Enfer ...

lundi 19 mars 2007

fenêtre sur cour ...


Les appartements Grecs sont souvent équipés de nombreuses fenêtres, souvent dépourvues de rideaux ... Ce sont donc des ouvertures, sinon sur le monde, au moins sur son quartier , autant de points stratégiques permettant de voir si, chez la voisine, c'est le jour de la grande lessive, ou celui du jardinage en pots, le jour du grand ménage ou celui des réceptions...
De fenêtre en fenêtre, on se regarde, sans s'épier, la curiosité n'étant pas un défaut chez les Grecs, mais une manière de prêter attention à son voisinage.
Comme dans tous les pays du monde, il ya des "petites histoires" qui courent, et la dernière en date est la suivante :
Maria et Sofia sont voisines. Maria rencontre Sofia et lui dit :
-"Dis-moi, Sofia, quelle est la date de ton anniversaire, car je voudrais te faire cadeau d'une paire de rideaux .
-"Et pourquoi donc, une paire de rideaux ?"
- "Parce que cela me gêne de voir toute la journée ton mari se promener dans ton appartement ...
- "Alors, dis-moi Maria, quand sera ton anniversaire? car je veux t'offrir une paire de lunettes"
-" Et pourquoi donc des lunettes ?
- "Parce que ce n'est pas mon mari que tu vois la journée dans mon appartement, mais le tien !"
Cette "historiette" illustre bien la fonction des fenêtres : points stratégiques favorisant le lien social, sauf pour les myopes !

vendredi 16 mars 2007

le prof de gym ...


Chaque jour, dans la cour de l'Ecole Communale de mon quartier, il y a un professeur d'éducation physique qui anime les classes...
Il ne ressemble pas exactement à l'image du prof de gym idéal : musclé, bronzé, beau garçon ...
Non! celui-ci est plutôt un peu rondouillard, le teint olivâtre, et le cuir chevelu un peu dégarni ...
Il porte un survêtement sans marque ni forme, des lunettes noires, et ne sépare que rarement de son téléphone portable ...
Il orchestre, sans grande conviction, des jeux aussi exaltants que "la balle au prisonnier" ou "le béret"...
Il anime aussi des groupes de danse populaire et les enfants, pas contrariants, passent des heures à exécuter les mêmes rondes, au son lancinant de la clarinette ...
Depuis deux jours, il y a répétitions des défilés prévus pour la Fête Nationale du 25 Mars ...
Alors, les enfants, dociles, défilent en rangs, au rythme d'une fanfare, pendant que leur prof fait mine de les surveiller mollement, au travers de ses lunettes noires, tout en téléphonant ou bien en conversant avec ses collègues.
Parfois, dans un sursaut d'énergie retrouvé, il hurle : "Ena, Dio !" (Un,deux), ce qui est vain , puisque les enfants en sont à leur 50e tour de cour depuis 1 heure, sérieux, presque en rythme et au même pas, sans montrer aucun signe d'impatience, ce qui tient du miracle ! ...
Et quand ils entendent le rappel à l'ordre, ils rigolent doucement, entre eux, sans voir l'air de craindre l'enseignant, qui aussitôt retombe dans sa torpeur ...
Plus tard, ces chérubins deviendront collégiens, lycéens, puis étudiants ...
Et on les verra un jour, sortir de facultés prestigieuses, à Athènes ou à Thessalonique, en scandant des slogans et en marchant sous des pancartes ... Et puis, ils joueront peut-être encore à "la balle au prisonnier, avec des pavés, sur des groupes de policiers ...
Et, au coin d'une avenue, il y aura un vieil homme, aux rares cheveux blancs, qui les regardera passer avec nostalgie, tout en psalmodiant : "Ena, Dio, Ena Dio" ... Et ce sera le prof de gym .....

jeudi 15 mars 2007

Visite de Poutine à Athènes


Hier soir, aux actualités télévisées, il y avait un reportage sur la visite de Poutine à Athènes ...
Il y a un enjeu de taille lié à ce voyage Présidentiel : les Grecs négocient des travaux permettant à des pipe-line venant de Russie, via les Balkans, d'alimenter le pays en pétrole ...
Donc, pendant près de 20 minutes, nous avons eu droit à une foule d'images : atterissage de l'avion, accueil du Président par des membres éminents du Gouvernement, photos, poignées de mains , tapis rouge, militaires, limousine et tout et tout ... Il faut ce qu'il faut ... Nous avons eu également la description du menu du dîner qui avait lieu au restaurant Dyonisos (au pied de l'Acropole) .. Il y avait des fraises au dessert (chez moi aussi ... y'a pas de raison) ...
Suite à ce journal: page de publicité, puis, enfin ! le film de la soirée ...
Et, là, surprise ! C'était un navet Américain : "US AIR FORCE" (tout un programme ! ) avec Harrison Ford.
Le scénario : l'avion du Président des US, attaqué par des terroristes venus du Kazastan (sans doute des Tchétchènes) ... S'en suivent des prises d'otages, des assassinats ... Mais rassurons-nous, le Président arrive à sauver sa petite famille et l'honneur de son pays ...
Au vu de cette programmation, j'en ai conclu que les Gecs étaient les champions de la diplomatie !...
En attendant aujourd'hui, nous voulions aller voir une exposition à Athènes, mais sécurité oblige! tous les quartiers du Centre Ville vont être bouclés à partir de midi et il est prévu un déploiement de 3000 policiers !
Donc nous restons à la maison afin éviter de mauvaises rencontres !

mardi 13 mars 2007

héllénisme

Presque chaque jour, les informations télévisées relatent de courts extraits de la campagne électorale Française, et les commentaires, en Grec, n'ont pas la même saveur que ceux que j'écoute dans la journée à France Inter.

A savoir, que la langue Grecque a des sonorités qui ne font pas dans la demi-mesure. On a l'impression que les consonnes des mots sont doublées, voire triplées ... et que les voyelles s'ouvrent sur le large.

Ainsi donc :
La lettre "R" se roule au moins en triple exemplaire : rrr... (jusqu'à ce qu'on entende le bruit des cailloux rouler du haut des sentiers de montagnes).
La lettre "S" se bruisse et se siffle à la fois : SSS .
La lettre "Z" se laisse porter par les ailes des moustiques, des abeilles et des frelons: ZZZ.
Et ainsi de suite, on peut égrener tout un alphabet de rocaille, chauffé par le soleil, salé comme l'eau du port ...
Alors, à l'heure des nouvelles du soir, les noms des candidats qui me sont pourtant si familiers la journée, prend une toute autre signification:

- SEGOLENE ROYAL devient: SSEGGOLENN RRROUAYAL - et l'adjectif : "royal" sonne alors comme les trompettes de la renommée.

Ensuite, on entend: NIKKOLA SARRKOZZI - ( Tiens! En France, les étrangers ont-ils obtenu le droit de vote ? )

Et puis, il y a : "O Trrriti (le3e) - FRANNSSOUA BAIRRROU -
Et là, on est tenté de traduire par :
"Oh! Titi, y'a un tracteur qui nous barre la route !

vendredi 9 mars 2007

Qui a volé l'orange ?


Tout promeneur, peut flâner à l'ombre des arbres, dans la plupart des rues de Nauplie, et plus particulièrement à l'ombre d'orangers, plantés par la municipalité.
Ce matin, quelle ne fut pas ma surprise de voir une femme "bien comme il faut", jupe noire et blouse de soie, en train de procéder, sans vergogne, à la cueillette des oranges sur une place publique!
Sans aucune honte, elle s'est mise à me vanter la qualité des fruits, dont elle remplissait un grand sac : "du pur sucre", tellement bons qu'elle en cueillait pour sa grand-mère et "patati et patata ..."
Comme elle n'arrivait pas à attraper les oranges qui étaient accrochées aux branches les plus hautes, elle m'a demandé de l'aide et sur ce, je lui ai répondu que c'était en effet bien haut et que j'étais trop petite ...
Pour une fois mon mètre et demi me servait à quelque chose : ne pas m'exécuter sans froisser les susceptibilités...
Pendant le temps de cette conversation, une armée de petites grands'mères sont sorties des maisons avoisinantes, pochon de plastique au bras, bien décidées à participer à cette récolte improvisée.
Je me suis éclipsée ne voulant pas être au coeur de ce larcin collectif....
J'ai soudain compris pourquoi le cours des oranges vendues sur le marché était si faible : à partir de 0,30 cts le kilo ...
J'ai continué ma marche dans Nauplie, fière de n'être pas membre du clan des "voleuses d'oranges" et de montrer, en tant qu'étrangère, un grand sens civique m'interdisant de me livrer au pillage du bien public ...
Comme je passais le long du Tribunal, j'ai fait le serment de ne consommer, et ce, jusqu'à la fin de mes jours, que des oranges achetées au marché local ...
Et, puis, d'ailleurs, ces oranges, qui poussent comme ça, au bord des routes polluées par la circulation, sont-elles si bonnes que ça ?

jeudi 8 mars 2007

journée internationales des Femmes


Chouette! Belle journée en perspective, on va pouvoir faire la grasse matinée, se couler dans un bain chaud, mousseux et parfumé, manger des chocolats et des tartines de Nutella, regarder la poussière s'envoler des étagères, laisser traîner nos chaussettes sales sur le canapé du salon, empiler la vaisselle au bord de l'évier ... Chouette ! Aujourd'hui c'est le 8 Mars - Journée Internationale des Femmes !
Mais la télévision nous rappelle la condition des femmes en Chine, en Inde, au Pakistan, en Afghanistan, en Palestine ... à grands renforts d'images de femmes exploitées, voilées, battues, martyrisées .....
Alors le moral n'y étant plus, j'ai préparé un gratin d"épinards ...
Puis, j'ai regardé par la fenêtre : la voisine étendait sa lessive ....
Quel jour sommes-nous déjà ? Ah ! Oui! Le 8 Mars, un jour comme un autre, bien sûr ...
Devant l'école, il y avait un groupe de femmes qui attendait : c'était celles qui avaient conquis le droit et le privilège d'aller chercher les gosses ... A midi, un 8 Mars,comme tous les jours !..

mercredi 7 mars 2007

petit coin de France


Au beau milieu d'une ruelle de la vieille ville de Nauplie, s'élève un immeuble banal, tout en béton, ainsi qu'il s'en construisait par centaines, voire par milliers, dans les années 1960.
En bas, il y a une vitrine où sont accrochées deux pauvres affiches administratives, rédigées en Français, frappées du sigle de la République, rappelant la possibilité de voter aux Français résidant à l'étranger ...
En levant la tête, on peut voir un drapeau tricolore, effiloché, aux couleurs passées par le soleil et le vent, qui est accroché au balcon.
La porte du bâtiment est ouverte ... On pénètre alors dans un bureau sans chaleur .. Au murs, les mêmes affiches qu'en vitrine ..
Pas d'ordinateur, juste un téléphone et une télécopie ... Pas de signe ostentatoire de richesse, donc.... On ne se sent pas non plus envahi par les nouvelles technologies ...
Derrière le bureau, un homme est assis.... Il ne porte ni béret, ni Charentaises ... Pourtant, nous sommes au Consulat de France, et cet homme, ne portant aucun signe distinctif, est bien le Consul ... Pour nous accueillir, il n'a pas fredonné "La Paimpolaise", ni "Nini Peau de Chien".
A notre grand soulagement, nous constatons qu'il parle Français, juste avec un léger accent de Marseille (ce doit être un effet de la décentralisation) ... Assis bien droits sur des chaises en skaï, assez inconfortables, nous l'écoutons...(On est très loin"des soirées de l'Ambassadeur avec les plateaux de Ferrero Roches d'or", comme à la télé) ...
Derrière lui, accrochée au mur, il y a une photographie encadrée de Jacques Chirac, posant devant le Palais de l'Elysée ...
Dans cinquante jours environ,un autre portrait remplacera celui-là, seul le cadre restera le même...
Je sens comme un parfum de grand mystère envahir les lieux : "Quel visage polychromé sera-t-il chargé, dans quelques temps, d'égayer les tristes murs de ce bureau Consulaire ? "
Quel candidat sera le mieux assorti avec les fauteuils "vintage" et le bureau en formica ?
Nous aurons la réponse au mois d'avril.....
En attendant, Monsieur le Consul, tamponne des procurations électorales avec un air sérieux, comme dans n'importe quelle administration d'un petit coin de France, pas plus préoccupé que cela à l'idée d'avoir à chambouler prochainement la décoration de son bureau.

vendredi 2 mars 2007

après la manif ...






Je suis de retour en Grèce, après avoir séjourné plus de trois semaines en France...

Quand l'avion a atterri à Athènes, je me suis dit: " enfin le soleil !" ( Quatre semaines en France étant égal à 4 heures de soleil ! )... Fillette, Fillette, ce que tu te gourres, comme dit la chanson ! ..)

Malheureusement, ici aussi, le soleil s'était envolé, probablement avec le vent des Karpates, les terrasses étaient désertes et Dimanche, les gens se calfeutraient derrière des rideaux de velours, épais comme le pouce, volets fermés, à se protéger du froid (10°) de derrière les persiennes...

La ville avait pris des couleurs et des respirations "Florentines", on conspirait entre voisins, autour d'un café grec, sur le prix de la vie et le coût du pétrole, vêtus de pulls-overs pseudos-Irlandais tricotés à Hong-Kong ... Un Dimanche, pas ordinaire...

Et, puis, comme dans un film de Lelouch, le soleil est réapparu et nous sommes allés goûter un début de printemps autour des collines de l'Acropole, parsemées de boutons d'or et de quelques fragiles coquelicots ...
Le soir, des jeunes gens, insolents et insouciants occupaient les places des cafés autour des parcs... (De quoi foutre le bourdon à beaucoup de cinquantenaires Français au bord de la rupture anévrique à la lecture de la cote boursière des Marchés Chinois )
Des jeunes gens et des jeunes filles, donc, occupaient des tables à l'ombre des pins, sans se préoccuper le moins du monde de leurs aînés, qui avaient cependant été obligés de parcourir la ville à pieds, toute la "Sainte journée"... (et je pèse mes mots, les Grecs Orthodoxes étant actuellement en période de Carême, et ce, jusqu'à Pâques )
Et pourquoi avons-nous été à pieds, sans plus trouver de taxis et d'autobus urbains ?: " Parce que le Centre- ville était bloqué pour cause de manifestations estudiantines ... "
Ah! Intrépide jeunesse, sans pitié pour nos pieds sensibles ! ...
Malgré cela, nous sommes allés, avec nos petits moyens pédestres, pas à pas, voir ce qui se passait du côté de l'Université des Sciences, tout en traversant,(héroïquement! la tête haute, et le talon douloureux mais volontaire,) la manifestation, faisant fi du "Comité d'accueil" composé de soldats, et policiers, casqués et bottés, comme il se doit ...
D'un seul coup, nous avons retrouvé nos jambes de 20 ans et notre mémoire s'est permis d'effacer, en quelques secondes, un certain nombre d'années ... Pour un peu on aurait scandé : CRS SS ! (Ce qui, de toutes façons, ici, n'aurait eu aucun sens, même en Grec Ancien ...)
Nous sommes donc allés sur le campus de "l'Université occupée" (depuis la rentrée d'octobre, quand même ! ) pour empêcher une privatisation du système éducatif, et la suppression du droit d'asile ...
Le "Droit d'Asile" est un droit venant au départ de l'Antiquité, mais qui a été remis en place grâce à la lutte des Etudiants de Polytechnique contre le régime des Colonels ... Lutte ayant été sévèrement réprimée ... C'est dire toute l'importance de ce droit permettant à quiconque hor la loi ou pas d'être hébergé par une Université sans qu'aucune force de police ou d'armée ne puisse le déloger ...
Alors, je me suis mise à rêver : "Et si les tentes du canal St Martin élisaient domicile dans les "facs Parisiennes", sans que quiconque ne puisse les expulser ? Et si les "sans-papiers " pouvaient faire de même ?
J'ai lu, longuement, les slogans étalés en rouge, au milieu de la cour ensoleillée : " La loi est une erreur " ...
Voilà ce qui m'est apparu, en lettres de sang, sur un drap blanc tendu, de fenêtre en fenêtre ...
Et aussi,plus loin, une farandole d'affiches indiquaient :
" le 17 Mars, le Comité des étudiants de la faculté de Sciences Humaines d'Athènes appelle à une manifestation contre la politique Américaine en Irak ... Ne baissons pas les bras !"
Alors, ces jeunes Grecs, qui sirotent un verre, le soir, sous les pins des collines de l'Acropole, avec l'air de rien... Ne sont-ils pas les nouveaux philosophes d'une Europe morte-née ?
Aujourd'hui, à midi, il y avait une autre manif, au pied du Palais de la Constitution, juste des femmes, parfois en moto, telles de magnifiques Amazones des temps modernes .
C'était des travailleuses sociales qui défilaient contre des licenciements annoncés . Certaines brandissaient un Drapeau noir....
Non loin de là il y avait des hommes bien mis, cravatés et costumés, appareillés à leurs téléphones portables , qui sortaient d'un pas pressé des boutiques "Van Cleef" et "Cartier" ...
Et si les travailleurs sociaux cessaient de défiler entre "République-Nation" ... pour parcourir "Concorde - la Madeleine" à l'heure du déjeuner ....?
Et si : "Sous les pavés: la Plage !"