mardi 24 avril 2007

Sur les traces de ...





En dessous de la citadelle de Nauplie, il y a une petite chapelle ( ce qui, a priori, est peu original en Grèce) appelée "Notre Dame" ... On la découvre, après avoir gravi des marches de pierre.
Ce bâtiment, blanchi à la chaux, avec un toit de tuiles roses et rondes, est adossé à un piton rocheux recouvert de figuiers de Barbarie et entouré de jardinets suspendus où poussent des arbres fruitiers, dont un citronnier, ainsi que quelques géraniums ...
"Notre Dame" surplombe la mer qui s'étend, à cet endroit, jusqu'à un infini horizon de brume ...
On n'entend que le bruit des vagues et celui du vent dans les feuillages ...
L'intérieur de la chapelle est modeste : des murs passés au bleu, quelques icônes, parfois fabriquées d'une manière naïve et maladroite à l'aide de fragments d'images colorées et découpées, deux bancs en chêne foncé, quelques cierges allumés ...
Un petit cadre contenant un texte est accroché, juste à l'encoignure de la porte. Curieuse, je me suis approchée et voici ce que j'ai pu lire :
"Que dire de la Grèce, sans être banal ? J'ai aimé Nauplie, ses murailles, sa forteresse, ses musées... Mais la petite église "Notre Dame" m'a ému tout particulièrement, plus encore que d'autres lieux que je connais ..."
Ce texte était daté de 1955 et signé : Gérard Philippe ...
Il y a des lieux, ainsi, auréolés de mystère et de poésie - seule prière possible entre les hommes ...

vendredi 20 avril 2007

les touristes


A Nafplio, les hirondelles sont de retour, les touristes aussi ..
On les voit défiler en bande, en groupe, en couple, ils sont rarement solitaires ...
On les reconnaît, de loin, à leur curieux accoutrement vestimentaire qui semble tout droit sorti des magasins du "Vieux Campeur" : short "spécial safari", débardeur ou bien T-shirt publicitaire, sac de randonnée sur le dos, - (contenant probablement : boussole, boîtes de rations de survie, gourde et trousse de pharmacie de secours avec sérum anti-venin), - chaussures de trekking, lunettes noires, le "bob" vissé sur le crâne (invention aussi débile que celle du K-way, ça ne va à personne,ça ne protège ni du froid, ni de la pluie et ça fait transpirer quand il y a du soleil), le nez collé à une carte ... Fin près à entamer gaillardement l'ascension de la forteresse "Palamidi"... (216 m, ce n'est pourtant pas l'Everest !...) ...
Le touriste baragouine une sorte d'Esperanto qui ressemble à une bouillie anglaise machouillée ... Autrement dit : inaudible ... Quand il veut parler "local ": c'est encore pire !
Au milieu de cette masse, on reconnaît bien les Français: c'est ceux qui parlent le plus fort possible, dans leur langue maternelle uniquement, pensant que personne ne sera capable de les comprendre, puisqu'eux mêmes ne comprennent rien de ce qui se dit autour d'eux ...
Les Français déambulent souvent en famille ou en couple, on les reconnaît car ils râlent et, souvent, ils s'engueulent ....
Voici donc, ce que l'on peut entendre aux hasard d'une promenade dans les hauteurs de la vieille ville ...
- "Qu'est-ce que tu as ? Tu fais la tête ?
- "Tu n'es pas content(e) d'être là ?
- Tu pourrais me répondre quand je te parle ! ...
etc... etc ...
Quel délice d'entendre la langue de Molière ! (enfin! presque...)

jeudi 19 avril 2007

nettoyage de printemps ...


Des marguerites poussent sur les terrains vagues, les orangers sont en fleurs, des pots de pensées, de bégonias et de géraniums ornent les balcons, les terrasses, les courettes et les jardins ...
Sur les barres-d'appuis des fenêtres grandes ouvertes, s'étalent, tapis, couvre-lits et couvertures, ce qui est le signe tangible que le printemps est bien là ...
Tous ces accessoires d'hiver qui sèchent au soleil, vont bientôt retrouver leur place estivale dans l'obscurité brûlante de l'apothiki" (le débarras) familial ...
Toute maison qui se respecte, possède, au moins un "apothiki", qui fait la fierté de ses heureux propriétaires.
Il est en général situé au dessus de la salle de bains, ce qui explique pourquoi, dans les intérieurs grecs, le plafond de cette pièce est bizarrement plus bas que celui du reste de l'habitat ...
L'apothiki remplace la cave, qui n'existe pas,ici, à cause des normes anti-sismiques concernant l'architecture...
Enfin, l'apothiki, vu sa situation haut-perché, est moins pratique d'accès que la cave et il n'est pas conseillé d'y entreposer de bonnes bouteilles, à moins d'aimer le vin très chambré -soit 40 ° - au coeur de l'été ...
L'apothiki ne renferme donc aucune provision alimentaire, mais les rideaux, couvre-lits et carpettes qui ne servent qu'en hiver, ainsi que des objets hétéroclites, utilitaires ou non ...
Ouvrir l'apothiki, est donc un signe notoire de changement de saison, surtout que c'est souvent "Monsieur", puisque réputé plus grand,mais pas forcément plus souple, qui grimpe sur l' escabeau pour procéder au rangement ... Ensuite, il lui faudra ramper dans un boyau en béton de moins d'un mètre de hauteur pour placer le plus loin possible, et si possible avec soin, et sans se salir, les plaids à mettre au rebus...
Devant une telle posture, en France, on ne raterait pas l'occasion de placer un petit proverbe : "Quand les oies sont perchées ! ......"
Ici, on ne dit rien, puisque, c'est certain: il fera beau demain !....

mercredi 18 avril 2007

là-haut sur la montagne...


Au village de "Palaiokastro", les fêtes de Pâques de sont déroulées, comme partout en Grèce: le plat de "fassoladas" (gros haricots blancs, cuisinés avec des oignons et des tomates) que l'on partage le soir du Vendredi Saint, la messe du samedi soir qui se termine au son des pétards et des feux d'artifices, le repas de minuit marquant la fin du Carême, le mouton à la broche du lendemain, les oeufs colorés que l'on cogne en se souhaitant "longue vie!", la procession du lundi ... Le tout ponctué par le son des carillons, les cantiques, les bouzoukis et les clarinettes ... "Kristos Anesti !" (Le Christ est ressuscité ! ) ...
Et, à défaut d'avoir vu la résurrection du Christ, j'ai pu voir le printemps renaître, m'invitant à des promenades à travers prairies, bois et sentiers ...
Au hasard de celles-ci, j'ai rencontré des chèvres farouches, des ânes aux oreilles dressées, qui m'écoutaient avec une attention polie, des lézards affairés, des araignées indolentes...
J'ai nourri des chats errants et gourmands... J'ai aidé une chienne de berger à retrouver son chiot égaré. Elle est repartie, son petit entre les pattes, après avoir courtoisement accepté un biscuit à la cannelle et un bol de lait (je ne l'ai pas retenue davantage, car il était quand même deux heures du matin, ce soir-là) ... J'ai conversé (à une heure décente, cette fois) avec une autre chienne, câline et très enceinte, qui raffolait, autant que la précédente, de biscuits, à n'importe quel parfum.
Au détour d'un fourré, j'ai assisté au goûter d'une tortue qui se régalait fort bruyamment d'un bon tas de feuilles mortes et craquantes ...
Et, puis en bas d'un chemin, j'ai surpris, sans le vouloir, les ébats d'un couple de tortues impudiques...
Madame, aux formes plus que généreuses, les quatre pattes écartées, avait la tête cachée à-demi sous sa carapace, les yeux mi-clos (genre : qu'on est bien sous les draps!)... Quant à Monsieur, beaucoup plus petit que Madame, il faisait des efforts inouïs pour soulever sa compagne à chaque saillie, tout en poussant de petits cris qui le rendait un peu ridicule, mais il n'avait pas l'air de s'en soucier, tout absorbé qu'il était à sa tâche, nullement gêné par ma présence ...
De ces promenades bucoliques, j'ai donc appris beaucoup sur la vie des tortues ...
Lorsque j'étais petite fille, ma grand-mère m'en avait acheté une, qui s'appelait:" Sophie" ... Elle vivait près du radiateur de la salle à manger, se nourrissant, délicatement et sans bruit, de quelques feuilles de laitue ...
J'en avais donc déduit que les les tortues, de sexe obligatoirement féminin, ne vivaient que dans les grandes villes, (et plus particulièrement entre la Place Blanche et la Place Clichy, soit à proximité du domicile de ma grand-mère) de préférence dans des pièces confortables et chauffées, qu'elles s'appelaient toutes: "Sophie", qu'elles étaient donc toutes: demoiselles et vierges, qu'elles avaient peu d' appétit, se contentant de quelque coeurs de laitue, qu'elles mâchonnaient en silence.
Mes déductions s'étaient arrêté là, en suspens, depuis plus de 50 ans ... Jamais, je ne m'étais demandé comment se reproduisaient ces petites bêtes, malgré quelques documentaires distraitement visionnés sur la vie des tortues de l'Archipel des Galapagos ... La tortue des Galapagos, beaucoup plus grosse que "Sophie", me semblait être d'une toute autre espèce, totalement exotique ...
Le village de "Palaiokastro", ne renferme pas les mystères des Galapagos, mais, pourtant, des tortues des deux sexes y vivent, à flanc de montagnes, sans chauffage, elles mangent beaucoup et salement, à peu près n'importe quoi de végétal, elles copulent et ne répondent en aucun cas au prénom de "Sophie", prénom pourtant d'origine Grecque ...