mardi 29 mai 2007

Pentecôte


Samedi 26 Mai ...
Mais quelle heure est-il donc ? Les cloches de l'église voisine sonnent à toute volée, les murs en tremblent ...
Quoi ? Six heures et demie ? ... Mais nous ne sommes que Samedi et non Dimanche, le "Papas" s'est-il trompé de jour pour son office ?
Après la première tasse de café, je réalise: Nous sommes Samedi de Pentecôte ...
Ne pouvant nous rendormir, car toutes les cloches de la ville se donnent le mot pour organiser un concert de carillons, nous décidons d'aller nous baigner, histoire de nous réveiller ...
Nous voilà partis, avec notre panier de plage contenant serviettes, maillots et tout et tout ...
Chemin faisant, nous rencontrons une voisine, toute endimanchée. Comme il se doit, nous la saluons et parlons de la pluie et surtout du beau temps ... Avec une grande mansuétude, envers nous, pauvres baigneurs, elle nous offre à chacun de petits morceaux de pain frais en nous précisant qu'il vient de l'Eglise ...Autrement dit: du pain béni.
(La communion chez les orthodoxes n'ayant pas le caractère individuel et anthropophage de la communion catholiques. A la sortie de la messe, sont simplement disposées de grandes corbeilles de pain, dans lesquelles chacun se sert:les dévôts ayant assisté tout l'office, les retardataires qui n'arrivent qu'à la fin, les petits malins qui débarquent quand il n'y a plus personne ... Et chacun prend ce qu'il veut : les gourmands et les gloutons qui avalent plusieurs morceaux d'affilée, sur place, ou les avares qui partent avec le pain de la semaine, les prévoyants qui prennent du rab' pour la route ...)
Bref ! nous avons, nous, dévoré notre pain béni, avant la baignade ... De quoi avoir des forces pour quelques brasses et se mettre en forme !...
Dimanche 27 Mai
Les cloches n'ont pas cessé de toute la journée ... Quand elles se sont arrêtées à la nuit tombée, la fanfare a commencé ...
Lundi 28 Mai
Le lundi de Pentecôte, dans notre douce France qui travaille, n'est plus férié .. *
En Grèce, il doit être chômé me suis-je dit en regardant d'un air navré, les ordures débordant du container au pied de la maison. Désolation ! Il pleut des cordes et nous n'avons plus de pain!
Sous une pluie aussi exceptionnelle que battante, je pars à l'aventure, encapuchonnée dans mon ciré de pêche Breton, sur des chemins transformés en torrents, à la recherche d'une boulangerie ... Un mitron salvateur a, heureusement, eu la bonne idée de laisser
sa boutique ouverte ...
Sinon, nous aurions regretté d'avoir dévoré notre pain béni avec tant d'insouciance ...

jeudi 17 mai 2007

amis poètes ....

Sur une terrasse écrasée de soleil à Nonemvassia, se tient la statue de Yannis Ritsos ...
Le buste du poète, à jamais figé dans la postérité, scrute la mer de ses yeux éteints, sa bouche est d'airain....
Dans ma bibliothèque, j'ai retrouvé un vieux livre jauni, un vieil ami, aux pages écornées d'avoir été trop feuilletées et, j'ai relu :
"Les poules picoraient dans la rue.
La femme du capitaine était assise sur le seuil, tenant son petit-fils entre ses genoux écartés.
Un enfant portait une corbeille.
Les maisons béantes en face du soleil couchant, avec leurs vieilles malles,et de lits de fer, les tables, les cadres.
Un phono jouait d'une voix enrouée dans une chambre fermée.
Les draps pliaient leur histoire en grands carrés.
On n'entendait pas la mer.
Une grande main invisible soulevait les chaises de deux-pieds au-dessus de la terre.
Comment vivent- les hommes sans la poésie ? " (Yannis Ritsos)

J'ai refermé le livre. Une réponse m'est venue à la question :
"Et bien, ils font du jogging !!..."

Et, ce soir, je viens de comprendre, pourquoi les poètes sont pétrifiés.



lundi 14 mai 2007

espace-théâtre


A l'ombre d'un arbre, près des gradins antiques du théâtre d'Epidaure, Vassili parle, au milieu de nous , assis en demi-cercle autour de lui.
Sous le soleil de midi, une scène théâtrale se crèe, fidèle à la logique scénique de la tragédie antique : le comédien est au centre, le public l'entoure pour mieux le voir et l'entendre, pour s'approprier la moindre lumière de son regard, sa respiration et les vibrations de sa voix...
Vassili soliloque, et parfois, ses mots restent en suspension dans l'air tiède, ses yeux sombres s'accrochent sur l'azur céleste ...
Nos yeux se portent vers la lumière qui s'ouvre sur un totem masqué entouré de draps...
Vassili se tait et Dyonisos apparaît, puis s'enfuit vers les collines à travers les oliviers et les pins ...
Vassili reprend son monologue, et les acteurs, un par un, apparaissent en scène, se donnant en pâture à un public avide partager le pouvoir des Dieux Anciens.
Les acteurs, ramenés au rang de demi-dieux, jouent la tragédie du monde durant cet instant miraculeux où "soi" devient les "autres".
Le public ébahi s'envole sur le char d'Apollon, pour un voyage à travers les méandres de l'âme où il devient essentiel de n'être que son propre héros.
L'acteur, lui, grimace de douleur et renvoie l'image de ses propres cruautés et de ses petites lâchetés quotidiennes, il exorcise la part d'humanité qu'il a en lui pendant que le public effrayé, le hue, puis l'applaudit ....
Vassili parle, et le miracle du théâtre a lieu, une fois encore, à quelques pas des bois sacrés où des Dieux se cachent encore ...
"La tâche du régisseur d'une tragédie est d'empêcher les dieux d'envahir le plateau, la tâche du tragédien est de les convoquer pour qu'ils s'expliquent". (Pierre Debauche)

jeudi 10 mai 2007

Eurovision


Ce soir, à la téléGrecque c'est l'Eurovision. La dernière fois que j'ai regardé cette émission remonte à l'année où la France avait gagné avec France Gall interprétant "les sucettes à l'anis" de Gainsbourg ... C'est tout dire !..
Le format a bien changé ... Plus de One point, two points, plus de jury compassé et de salle en tenues de soirée....
Public en délire, règlement nouveau auquel je n'ai rien compris, sinon que ce soir ce n'étaient que les demies-finales, votes par téléphone ou SMS, profusions de lasers et souffleries en tout genre faisant voler les jupes des chanteuses ainsi que leurs coiffures ... Bref ! L'Eurovision : "formule 2007."
J'ai entendu des tambours et des voix Bulgares ainsi qu'un fantaisiste Israélien.
J'ai vu une copie Chypriote de Jeanne Mas, l'apparition d'un James Bond modèle Bielarusse, un vieux rocker Islandais, une comédie musicale Georgienne, un "Petit Prince" Montenegrain, tout droit sorti d'une Fête de la Bière, des Suisses ayant survécu à Mad Max .
J'ai entendu des aigüs-suraigüs Moldaves,
J'ai vu des "Clodettes" Hollandaises, une opérette Albanaise, un(e) drag-queen Danois, un duo Croate, un Cabaret Polonais, une "Juliette" Serbe amaigrie, un groupe de "ZZtop" Tchèques et imberbes.
J'ai entendu des rythmes latino-portugais,
J'ai vu une pop-star de Macédoine, une Norvégienne pailletée, un groupe de Malatais hybrides, des "sixties" d'Andorre.
J'ai entendu du "rythm and blues" Hongrois (et ce n'était pas de la goulash !)
J'ai vu une fille dans le vent d'Estonie, un "Prince" Belge anémié.
J'ai entendu "Notre-Dame de Slovénie" et puis du Disco-Turc.
J'ai vu des "plumes d'Autriche "et j'ai entendu du "Bel Canto" Italien.
Y'a pas à dire, c'est beau l'Europe ! Mais je sais pas si j'irai jusqu'à regarder la finale ... Trop c'est trop !

lundi 7 mai 2007

Un jour ordinaire


Lundi 7 Mai ...
Le ciel est bleu et la lumière vive. Les pots de fleurs sont alignés bien sagement le long des balcons, les chats se prélassent au soleil...
Lundi 7 Mai ....
La mer est bleue et le soleil vif. Les rares baigneurs sont alignés bien sagement le long du rivage et les maillots sèchent au soleil ...
Lundi 7 Mai ...
La brume enveloppe l'horzon pâle d'un halo de coton. Les murs de la forteresse s'érigent, impassibles, au-dessus de la ville calme. Les courbes noires des montagnes se découpent sur un ciel embrasé.Un vent marin se lève sur le crépuscule.
Lundi 7 Mai ...
La ville s'illumine et se reflète dans les flots obscurs.
Lundi 7 Mai ..
Un jour bien ordinaire où rien ne s'est passé ...
Lundi 7 Mai ..
La France a voté et un Président nouveau est arrivé...
Bien à l'abri devant leurs téléviseurs, les Grecs peuvent regarder une rediffusion du "Tartuffe" de Molière (joué par la Comédie Française) ...
Y-aurait-il une relation de cause à effet ? Où ne serait-ce qu'un simple divertissement pour une soirée bien ordinaire ...

samedi 5 mai 2007

Plage publique


La météo prévoit locale depuis hier des températures aux alentours de 30° ... Donc, ce matin : direction la plage, lieu un peu oublié depuis la fin du mois de Novembre ...
L'eau est claire, ce qui permet d'éviter d'éventuels oursins, meilleursen dégustation que nichés sous la plante des pieds ...
Les habitués reviennent ... La plage ici, ce n'est pas seulement un lieu de repos, ni de bronzette ... Le bronzage intéresse peu les Grecs, vu que tout le monde est hâlé tout au long de l'année ... Donc, on ne vient pas sur la plage pour traquer les UV en quête d'une montée de mélanine ... On vient à la plage pour nager un peu, certes, mais surtout pour discuter ...
Les eaux claires deviennent rapidement des lieux de forums improvisés.
A portée de brasses, des groupes se forment, en cercle, protégés des coups de soleil par des lunettes noires et toutes formes de chapeaux ridicules : bobs, casquettes, bonnets de bain ... (Le bonnet de bain aussi a dû être créé par l'inventeur du K.way)
Les Grecs ne viennent pas à la plage pour se montrer, ils viennent pour parler et si on ne rejoint pas l'un de ces groupes aquatiques où les sirènes sont décidément drôlement attifées, cela permet d'écouter les nouvelles du quartier ...
Sur le rivage, les nageurs-baigneurs se reposent, les femmes portent souvent des deux-pièces, quel que soit leur âge et leur poids ... Personne ne semble remarquer les vergetures, les varices, la cellulite ... Seules ne comptent que l'esprit de la conversation .... Ca décomplexe! Et c'est tonique !
La plage n'est autre qu'un lieu continuant à développer le lien social ... Allons, filles de France! Attaquez-vous sans vergogne à de bonnes assiettes de moussaka, de loukoums et de baklavas, les boutiques de maillots de bain, ici, vendent toutes les tailles !

Plage publique


La météo prévoit locale depuis hier des températures aux alentours de 30° ... Donc, ce matin : direction la plage, lieu un peu oublié depuis la fin du mois de Novembre ...
L'eau est claire, ce qui permet d'éviter d'éventuels oursins, meilleursen dégustation que nichés sous la plante des pieds ...
Les habitués reviennent ... La plage ici, ce n'est pas seulement un lieu de repos, ni de bronzette ... Le bronzage intéresse peu les Grecs, vu que tout le monde est hâlé tout au long de l'année ... Donc, on ne vient pas sur la plage pour traquer les UV en quête d'une montée de mélanine ... On vient à la plage pour nager un peu, certes, mais surtout pour discuter ...
Les eaux claires deviennent rapidement des lieux de forums improvisés.
A portée de brasses, des groupes se forment, en cercle, protégés des coups de soleil par des lunettes noires et toutes formes de chapeaux ridicules : bobs, casquettes, bonnets de bain ... (Le bonnet de bain aussi a dû être créé par l'inventeur du K.way)
Les Grecs ne viennent pas à la plage pour se montrer, ils viennent pour parler et si on ne rejoint pas l'un de ces groupes aquatiques où les sirènes sont décidément drôlement attifées, cela permet d'écouter les nouvelles du quartier ...
Sur le rivage, les nageurs-baigneurs se reposent, les femmes portent souvent des deux-pièces, quel que soit leur âge et leur poids ... Personne ne semble remarquer les vergetures, les varices, la cellulite ... Seules ne comptent que l'esprit de la conversation .... Ca décomplexe! Et c'est tonique !
La plage n'est autre qu'un lieu continuant à développer le lien social ... Allons, filles de France! Attaquez-vous sans vergogne à de bonnes assiettes de moussaka, de loukoums et de baklavas, les boutiques de maillots de bain, ici, vendent toutes les tailles !

vendredi 4 mai 2007

Vie politique


Les Grecs se passionnent pour la vie politique Française (l'inverse ne se vérifiant pas) et les raisons de cet intérêt sont les suivantes :
Ils aiment avec fidélité les Français depuis le 19e siècle (1830), car nombre d'entre eux et non des moindres - Hugo, Musset - ont fait partie des cercles Philhéllènes- Européens favorables à la lutte des Grecs pour leur indépendance.
De plus, un bon nombre de Grecs sont persuadés que lorsque la France élit un Président socialiste, la Gauche Grecque emporte les élections, à l'inverse, si le Président Français est de droite les Grecs élisent un Gouvernement de droite.
Donc les Grecs, suivent notre campagne électorale avec une attention soutenue, un peu comme s'ils se l'appropraiaient ... D'autant qu'en ce moment le Gouvernement (de droite) est mis à mal à cause d'un scandale concernant la gestion de l'argent des caisses d'assurances sociales.
Une pratique originale est en effet de rigueur ici : la dette de l'état étant importante, les gouvernements successifs ont eu une idée formidable pour la réduire ... Ils spéculent en bourse avec l'argent des caisses, et la plus value des transactions permet ainsi de rembourser la dette. (Il suffisait d'y penser !)
Comme dirait un humoriste Français : "Ca eu payé, mais ça ne paye plus" ... Car à ce jeu là, bien sûr, est arrivé ce qui devait arriver : l'argent des contribuables s'est évanoui en poussière ...
Le peuple Grec est joueur ... mais mauvais perdant !
En observant la vie politique ici et en France, je serai tentée de proposer à nos deux candidats de jouer l'argent des caisses de retraites au PMU ... Ca mettrait un peu d'action, dans une campagne qui ronronne ...
Pour en revenir à mon propos du début, les Grecs ont consacré des rubriques entières au Grand Débat du Mercredi 2 Mai ... Seulement la journaliste présentant ce sujet s'est un peu lâché et a annoncé : "Un tête à tête entre Mary Poppins et Dracula" ...
Seulement Mary Poppins avait troqué son parapluie contre des gants de boxe et Dracula s'était limé les dents ....
Les observateurs Grecs continuent donc de s'interroger ...

jeudi 3 mai 2007

Voyage dans le Péloponnèse






Vendredi 27 Avril - Sparte ...
Sur le site de Sparte, nous avons rencontré Athanastassio - un vieil homme alerte qui pour tromper son oisiveté, se ballade dans la Cité Antique en tentant de parler avec les visiteurs qui passent ... Bien sûr, Athanastassio ne parle que le Grec, ce qui limite ses tentatives de conversation... Alors, pour montrer son incompréhension, quand il entend une autre langue que la sienne, il pousse des cris étranges - ressemblant tantôt à un aboiement tantôt à un chant Sioux .. Cela fait rire les visiteurs Grecs, et fait fuir à toutes jambes les autres ... Pour Athanastassio, celui qui n'est pas Grec est un :"Wouwouwou" ... J'ai pu communiquer avec lui, mon mari n'étant qu'un pauvre "Wouwouwou", ne parlant que Français et Anglais ...
Athanastassio commente peu l'histoire de la Cité Antique, il parle plus aisément de l'invasion Ottomane, ce qui revient à dire qu'il mélange quelque peu les époques,mais cela n'altère en rien sa bonne humeur ... Il ponctue ses fins de phrases - ou les miennes- par de vieilles chansons en esquissant quelques pas de danse dont il a l'air fier ... Si ce vieux Spartiate original n'est pas un spécialiste de la Période Archaïque, par contre il est imbattable en botanique.Il m'a donc appris, au moins une chose essentielle : que ce que je croyais être de petites pâquerettes étaient, en fait, des fleurs de camomille ! Tout au long de la promenade, Anastassio m'a composé un bouquet et nous sommes revenus dans la ville nouvelle avec des branches d'eucalyptus et des roses, tels des vainqueurs de l'Antique Sparte ...



Samedi 28 Avril - Mystra


Les ruines de Mystra sont désertes, bien que des nonnes habitent encore un Monastère ... Mais nous ne les avons pas rencontrées, tant elles devaient être occupées à prier pour sauver nos pauvres âmes en errance! .... Dans les ruelles-fantômes, nous avons juste croisé quelques chats laconiques et des touristes assez étranges, habillées à la manière "tyrolienne" (chaussures à crampons et culottes de cuir ). Dans une église Byzantine, nous nous sommes retrouvés avec groupe de Français apathiques, accompagnée d'une guide Grecque qui, au lieu de leur vanter la beauté des fresques encore visibles, s'échinait à leur expliquer, sans aucun succès, la vertu bienfaisante des cierges ... (A chacun sa culture!)..


Dimanche 29 Avril - Lundi 30 Avril - Monemvassia

Dans la citadelle de Nonemvassia, pas de rencontres particulières, hormis quelques chats gourmands, à l'affût de quelques restes de poissons : juste la mer, à perte de vue, les vieilles pierres chauffées par le soleil .... Le bruit des vagues et rien d'autre .... Une barque de pêcheur au loin .... Au coin d'une ruelle : le buste de Iannis Ritsos - un des plus grands poètes contemporains ....

Lundi 1er Mai - Gefyra

Dans les valises, nous avions oublié un seul accessoire : un parapluie .... Le 1er Mai à Gefyra est pluvieux ... En Grèce, pas de marchands de muguet au coin des rues ... Même en imperméable : puisque pas de muguet du tout. La tradition consiste à composer des couronnes de fleurs des champs et à les clouer sur les portes de maisons ... A Gefyra aujourd'hui, les portes sont seulement closes tant la pluie tombe drue ... On a donc passé la journée à l'hôtel à regarder la télévision : défilés des travailleurs dans les rues d'Athènes et de Thessalonique .... Les manifestants arborent un oeillet rouge à la boutonnière ... Là-bas, visiblement il ne pleut pas et l'ambiance n'est pas morose !