lundi 4 juin 2007

Problèmes d'eau ...

Ce matin, il faisait gris, mais très chaud, donc pas question de manquer une baignade !
Nous voilà donc partis, le panier, le masque, les palmes, les maillots, les serviettes, les lunettes de soleil, enfin toute la panoplie du parfait nageur et de la naïade exceptionnelle !
Nous étions déjà assez loin de chez nous, quand une annonce diffusée d'une voiture munie de hauts-parleurs a retenu mon attention ... (Et de l'attention lorsque je dois comprendre le Grec, il m'en faut! ...)
Ce n'était pas l'annonce d' un marchand ambulant, ni d'un Gitan pratiquant l'un de ces mille et un petits métiers dont ils ont la spécialité : vannier, marchands de plantes en pots, brocanteur, ferrailleur, récupérateur de déchets en tous genres ...
Ce n'était pas non plus l'annonce d'un spectacle de cirque ou de théâtre, ni du programme de la semaine du cinéma municipal ...
Non! C'était un avertissement diffusé au micro par un employé de la Ville, depuis un véhicule sillonnant les rues...
Avis à la population, donc!: nous prévenant fort aimablement, qu'en raison de travaux publics, nous aurions à subir des coupures d'eau à partir de midi ...
Mais nous étions pressés de piquer une tête dans l'eau calme du matin chaud .... Alors, j'ai déclaré, de manière totalement inconsciente, que:
"si les services publics nous avertissaient d'une coupure à midi, ils ne seraient pas à l'heure, donc on avait le temps ... "
Quant à mon cher et tendre, subitement enclin à la philosopher,il a ajouté : " Et puis ce n'est peut-être pas pour notre quartier " ...
Donc, nous avons pris, avec insouciance, un bain très agréable sans plus nous préoccuper de quoi que ce soit ...
Nous avons regagné la maison à midi sonnant et ... trébuchant ... Puisque déjà, il n'y avait plus la moindre goutte d'eau dans les robinets ...
Les tomates prévues pour la salade du déjeuneront été ravies d'être rincées avec nos réserves d'eau minérale ... Nous avons reporté notre douche à l'eau douce aux calendes grecques (c'est le cas de le dire) et sommes restés avec la peau salée comme deux filets d'anchois ...
Pourtant, ici tous les Grecs se plaignent que les fonctionnaires ne font pas leur travail, ne sont pas à l'heure ...
Tous les Grecs disent que la Grèce serait un paradis sans les fonctionnaires ...
Bref ! Comme des gogos, nos avons tout gobé et voilà, à Nafplio, aux services des Eaux, il y a au moins un fonctionnaire zélé qui prévient les usagers des problèmes et, qui, contre toute attente est d'une ponctualité maniaque....

dimanche 3 juin 2007

Fête des Mères


En Grèce, pas de "Fêtes des Mères"...
Donc les mamans Grecques n'auront pas la joie de recevoir : des colliers de nouilles, des vide-poches en pâte à sel, des rideaux en bouchons de plastiques, des sculptures improbables, des mixers, des gants pour la vaisselle ou des pelles à tarte ...
Les mères de famille, ici, fort innocentes de ces bonheurs à la Française dont nous sommes gratifiées chaque année et dont elles sont privées, prépareront le repas dominical avant d'aller se promener sur le port ou de pendre un bain de mer ou de soleil...
Ce sera un Dimanche comme les autres ...

mardi 29 mai 2007

Pentecôte


Samedi 26 Mai ...
Mais quelle heure est-il donc ? Les cloches de l'église voisine sonnent à toute volée, les murs en tremblent ...
Quoi ? Six heures et demie ? ... Mais nous ne sommes que Samedi et non Dimanche, le "Papas" s'est-il trompé de jour pour son office ?
Après la première tasse de café, je réalise: Nous sommes Samedi de Pentecôte ...
Ne pouvant nous rendormir, car toutes les cloches de la ville se donnent le mot pour organiser un concert de carillons, nous décidons d'aller nous baigner, histoire de nous réveiller ...
Nous voilà partis, avec notre panier de plage contenant serviettes, maillots et tout et tout ...
Chemin faisant, nous rencontrons une voisine, toute endimanchée. Comme il se doit, nous la saluons et parlons de la pluie et surtout du beau temps ... Avec une grande mansuétude, envers nous, pauvres baigneurs, elle nous offre à chacun de petits morceaux de pain frais en nous précisant qu'il vient de l'Eglise ...Autrement dit: du pain béni.
(La communion chez les orthodoxes n'ayant pas le caractère individuel et anthropophage de la communion catholiques. A la sortie de la messe, sont simplement disposées de grandes corbeilles de pain, dans lesquelles chacun se sert:les dévôts ayant assisté tout l'office, les retardataires qui n'arrivent qu'à la fin, les petits malins qui débarquent quand il n'y a plus personne ... Et chacun prend ce qu'il veut : les gourmands et les gloutons qui avalent plusieurs morceaux d'affilée, sur place, ou les avares qui partent avec le pain de la semaine, les prévoyants qui prennent du rab' pour la route ...)
Bref ! nous avons, nous, dévoré notre pain béni, avant la baignade ... De quoi avoir des forces pour quelques brasses et se mettre en forme !...
Dimanche 27 Mai
Les cloches n'ont pas cessé de toute la journée ... Quand elles se sont arrêtées à la nuit tombée, la fanfare a commencé ...
Lundi 28 Mai
Le lundi de Pentecôte, dans notre douce France qui travaille, n'est plus férié .. *
En Grèce, il doit être chômé me suis-je dit en regardant d'un air navré, les ordures débordant du container au pied de la maison. Désolation ! Il pleut des cordes et nous n'avons plus de pain!
Sous une pluie aussi exceptionnelle que battante, je pars à l'aventure, encapuchonnée dans mon ciré de pêche Breton, sur des chemins transformés en torrents, à la recherche d'une boulangerie ... Un mitron salvateur a, heureusement, eu la bonne idée de laisser
sa boutique ouverte ...
Sinon, nous aurions regretté d'avoir dévoré notre pain béni avec tant d'insouciance ...

jeudi 17 mai 2007

amis poètes ....

Sur une terrasse écrasée de soleil à Nonemvassia, se tient la statue de Yannis Ritsos ...
Le buste du poète, à jamais figé dans la postérité, scrute la mer de ses yeux éteints, sa bouche est d'airain....
Dans ma bibliothèque, j'ai retrouvé un vieux livre jauni, un vieil ami, aux pages écornées d'avoir été trop feuilletées et, j'ai relu :
"Les poules picoraient dans la rue.
La femme du capitaine était assise sur le seuil, tenant son petit-fils entre ses genoux écartés.
Un enfant portait une corbeille.
Les maisons béantes en face du soleil couchant, avec leurs vieilles malles,et de lits de fer, les tables, les cadres.
Un phono jouait d'une voix enrouée dans une chambre fermée.
Les draps pliaient leur histoire en grands carrés.
On n'entendait pas la mer.
Une grande main invisible soulevait les chaises de deux-pieds au-dessus de la terre.
Comment vivent- les hommes sans la poésie ? " (Yannis Ritsos)

J'ai refermé le livre. Une réponse m'est venue à la question :
"Et bien, ils font du jogging !!..."

Et, ce soir, je viens de comprendre, pourquoi les poètes sont pétrifiés.



lundi 14 mai 2007

espace-théâtre


A l'ombre d'un arbre, près des gradins antiques du théâtre d'Epidaure, Vassili parle, au milieu de nous , assis en demi-cercle autour de lui.
Sous le soleil de midi, une scène théâtrale se crèe, fidèle à la logique scénique de la tragédie antique : le comédien est au centre, le public l'entoure pour mieux le voir et l'entendre, pour s'approprier la moindre lumière de son regard, sa respiration et les vibrations de sa voix...
Vassili soliloque, et parfois, ses mots restent en suspension dans l'air tiède, ses yeux sombres s'accrochent sur l'azur céleste ...
Nos yeux se portent vers la lumière qui s'ouvre sur un totem masqué entouré de draps...
Vassili se tait et Dyonisos apparaît, puis s'enfuit vers les collines à travers les oliviers et les pins ...
Vassili reprend son monologue, et les acteurs, un par un, apparaissent en scène, se donnant en pâture à un public avide partager le pouvoir des Dieux Anciens.
Les acteurs, ramenés au rang de demi-dieux, jouent la tragédie du monde durant cet instant miraculeux où "soi" devient les "autres".
Le public ébahi s'envole sur le char d'Apollon, pour un voyage à travers les méandres de l'âme où il devient essentiel de n'être que son propre héros.
L'acteur, lui, grimace de douleur et renvoie l'image de ses propres cruautés et de ses petites lâchetés quotidiennes, il exorcise la part d'humanité qu'il a en lui pendant que le public effrayé, le hue, puis l'applaudit ....
Vassili parle, et le miracle du théâtre a lieu, une fois encore, à quelques pas des bois sacrés où des Dieux se cachent encore ...
"La tâche du régisseur d'une tragédie est d'empêcher les dieux d'envahir le plateau, la tâche du tragédien est de les convoquer pour qu'ils s'expliquent". (Pierre Debauche)

jeudi 10 mai 2007

Eurovision


Ce soir, à la téléGrecque c'est l'Eurovision. La dernière fois que j'ai regardé cette émission remonte à l'année où la France avait gagné avec France Gall interprétant "les sucettes à l'anis" de Gainsbourg ... C'est tout dire !..
Le format a bien changé ... Plus de One point, two points, plus de jury compassé et de salle en tenues de soirée....
Public en délire, règlement nouveau auquel je n'ai rien compris, sinon que ce soir ce n'étaient que les demies-finales, votes par téléphone ou SMS, profusions de lasers et souffleries en tout genre faisant voler les jupes des chanteuses ainsi que leurs coiffures ... Bref ! L'Eurovision : "formule 2007."
J'ai entendu des tambours et des voix Bulgares ainsi qu'un fantaisiste Israélien.
J'ai vu une copie Chypriote de Jeanne Mas, l'apparition d'un James Bond modèle Bielarusse, un vieux rocker Islandais, une comédie musicale Georgienne, un "Petit Prince" Montenegrain, tout droit sorti d'une Fête de la Bière, des Suisses ayant survécu à Mad Max .
J'ai entendu des aigüs-suraigüs Moldaves,
J'ai vu des "Clodettes" Hollandaises, une opérette Albanaise, un(e) drag-queen Danois, un duo Croate, un Cabaret Polonais, une "Juliette" Serbe amaigrie, un groupe de "ZZtop" Tchèques et imberbes.
J'ai entendu des rythmes latino-portugais,
J'ai vu une pop-star de Macédoine, une Norvégienne pailletée, un groupe de Malatais hybrides, des "sixties" d'Andorre.
J'ai entendu du "rythm and blues" Hongrois (et ce n'était pas de la goulash !)
J'ai vu une fille dans le vent d'Estonie, un "Prince" Belge anémié.
J'ai entendu "Notre-Dame de Slovénie" et puis du Disco-Turc.
J'ai vu des "plumes d'Autriche "et j'ai entendu du "Bel Canto" Italien.
Y'a pas à dire, c'est beau l'Europe ! Mais je sais pas si j'irai jusqu'à regarder la finale ... Trop c'est trop !

lundi 7 mai 2007

Un jour ordinaire


Lundi 7 Mai ...
Le ciel est bleu et la lumière vive. Les pots de fleurs sont alignés bien sagement le long des balcons, les chats se prélassent au soleil...
Lundi 7 Mai ....
La mer est bleue et le soleil vif. Les rares baigneurs sont alignés bien sagement le long du rivage et les maillots sèchent au soleil ...
Lundi 7 Mai ...
La brume enveloppe l'horzon pâle d'un halo de coton. Les murs de la forteresse s'érigent, impassibles, au-dessus de la ville calme. Les courbes noires des montagnes se découpent sur un ciel embrasé.Un vent marin se lève sur le crépuscule.
Lundi 7 Mai ...
La ville s'illumine et se reflète dans les flots obscurs.
Lundi 7 Mai ..
Un jour bien ordinaire où rien ne s'est passé ...
Lundi 7 Mai ..
La France a voté et un Président nouveau est arrivé...
Bien à l'abri devant leurs téléviseurs, les Grecs peuvent regarder une rediffusion du "Tartuffe" de Molière (joué par la Comédie Française) ...
Y-aurait-il une relation de cause à effet ? Où ne serait-ce qu'un simple divertissement pour une soirée bien ordinaire ...