mercredi 18 avril 2007

là-haut sur la montagne...


Au village de "Palaiokastro", les fêtes de Pâques de sont déroulées, comme partout en Grèce: le plat de "fassoladas" (gros haricots blancs, cuisinés avec des oignons et des tomates) que l'on partage le soir du Vendredi Saint, la messe du samedi soir qui se termine au son des pétards et des feux d'artifices, le repas de minuit marquant la fin du Carême, le mouton à la broche du lendemain, les oeufs colorés que l'on cogne en se souhaitant "longue vie!", la procession du lundi ... Le tout ponctué par le son des carillons, les cantiques, les bouzoukis et les clarinettes ... "Kristos Anesti !" (Le Christ est ressuscité ! ) ...
Et, à défaut d'avoir vu la résurrection du Christ, j'ai pu voir le printemps renaître, m'invitant à des promenades à travers prairies, bois et sentiers ...
Au hasard de celles-ci, j'ai rencontré des chèvres farouches, des ânes aux oreilles dressées, qui m'écoutaient avec une attention polie, des lézards affairés, des araignées indolentes...
J'ai nourri des chats errants et gourmands... J'ai aidé une chienne de berger à retrouver son chiot égaré. Elle est repartie, son petit entre les pattes, après avoir courtoisement accepté un biscuit à la cannelle et un bol de lait (je ne l'ai pas retenue davantage, car il était quand même deux heures du matin, ce soir-là) ... J'ai conversé (à une heure décente, cette fois) avec une autre chienne, câline et très enceinte, qui raffolait, autant que la précédente, de biscuits, à n'importe quel parfum.
Au détour d'un fourré, j'ai assisté au goûter d'une tortue qui se régalait fort bruyamment d'un bon tas de feuilles mortes et craquantes ...
Et, puis en bas d'un chemin, j'ai surpris, sans le vouloir, les ébats d'un couple de tortues impudiques...
Madame, aux formes plus que généreuses, les quatre pattes écartées, avait la tête cachée à-demi sous sa carapace, les yeux mi-clos (genre : qu'on est bien sous les draps!)... Quant à Monsieur, beaucoup plus petit que Madame, il faisait des efforts inouïs pour soulever sa compagne à chaque saillie, tout en poussant de petits cris qui le rendait un peu ridicule, mais il n'avait pas l'air de s'en soucier, tout absorbé qu'il était à sa tâche, nullement gêné par ma présence ...
De ces promenades bucoliques, j'ai donc appris beaucoup sur la vie des tortues ...
Lorsque j'étais petite fille, ma grand-mère m'en avait acheté une, qui s'appelait:" Sophie" ... Elle vivait près du radiateur de la salle à manger, se nourrissant, délicatement et sans bruit, de quelques feuilles de laitue ...
J'en avais donc déduit que les les tortues, de sexe obligatoirement féminin, ne vivaient que dans les grandes villes, (et plus particulièrement entre la Place Blanche et la Place Clichy, soit à proximité du domicile de ma grand-mère) de préférence dans des pièces confortables et chauffées, qu'elles s'appelaient toutes: "Sophie", qu'elles étaient donc toutes: demoiselles et vierges, qu'elles avaient peu d' appétit, se contentant de quelque coeurs de laitue, qu'elles mâchonnaient en silence.
Mes déductions s'étaient arrêté là, en suspens, depuis plus de 50 ans ... Jamais, je ne m'étais demandé comment se reproduisaient ces petites bêtes, malgré quelques documentaires distraitement visionnés sur la vie des tortues de l'Archipel des Galapagos ... La tortue des Galapagos, beaucoup plus grosse que "Sophie", me semblait être d'une toute autre espèce, totalement exotique ...
Le village de "Palaiokastro", ne renferme pas les mystères des Galapagos, mais, pourtant, des tortues des deux sexes y vivent, à flanc de montagnes, sans chauffage, elles mangent beaucoup et salement, à peu près n'importe quoi de végétal, elles copulent et ne répondent en aucun cas au prénom de "Sophie", prénom pourtant d'origine Grecque ...

1 commentaire:

martine a dit…

Merci pour ce reportage sur la copulation des tortues, depuis le temps que j’essayais, en vain, de surprendre un couple en action. Mais il apparaît que c’est plus compliqué dans nos campagnes françaises (j’en ai même jamais vu une seule en liberté). Une fois de plus, merci Liza !